dossiers spéciaux Fabien LEONI dossiers spéciaux Fabien LEONI

L’Odyssée des Robotaxis : 2026, l'année du basculement mondial ?

Alors que 2025 s'achève sur une accélération fulgurante des services de transport sans chauffeur, l'industrie s'apprête à franchir un cap historique. Entre l’hégémonie américaine de Waymo, l’offensive globale des géants chinois et une Europe qui tente de lever ses verrous réglementaires, le paysage de la mobilité urbaine se redessine. Enquête sur une révolution technologique qui ne demande plus la permission de rouler.

Alors que 2025 s'achève sur une accélération fulgurante des services de transport sans chauffeur, l'industrie s'apprête à franchir un cap historique. Entre l’hégémonie américaine de Waymo, l’offensive globale des géants chinois et une Europe qui tente de lever ses verrous réglementaires, le paysage de la mobilité urbaine se redessine. Enquête sur une révolution technologique qui ne demande plus la permission de rouler.

C’était, il y a encore peu, une image de science-fiction : un passager à l'arrière d'un véhicule dont le volant tourne seul dans le trafic dense de San Francisco ou de Shanghai. En cette fin d'année 2025, ce n'est plus une curiosité, mais un marché en pleine explosion. Si les États-Unis et la Chine font la course en tête, l'année 2026 s'annonce comme celle de la "conquête de l'Est" pour les uns et de "l'ouverture de l'Europe" pour les autres.

L’hégémonie américaine : Waymo règne, Tesla tâtonne

Aux États-Unis, le nom de Waymo est devenu synonyme de fiabilité. La filiale d'Alphabet (Google) a transformé l'essai avec brio en 2025, totalisant 14 millions de trajets commerciaux et 200 millions de km parcourus.

La stratégie du "Lidar-First"

Contrairement à certains concurrents, Waymo a parié sur une débauche de capteurs : son système "Driver" combine 13 caméras, 6 radars et surtout 4 Lidars (télémétrie laser). Cette redondance technologique lui permet de garantir une sécurité quasi absolue, même de nuit ou sous la pluie.

Expansion 2026 : forte de son succès à San Francisco et Phoenix, Waymo prévoit de s'étendre à une dizaine de nouvelles villes américaines (Miami, Las Vegas, Washington DC) et de franchir l'Atlantique pour lancer ses premiers services à Londres début 2026.

L'énigme Tesla et l'outsider Zoox

Pendant ce temps, Tesla continue de souffler le chaud et le froid. Malgré les promesses d'Elon Musk sur une autonomie totale basée uniquement sur des caméras (Vision), les incidents se multiplient. Les autorités américaines (NHTSA) restent vigilantes face à des véhicules parfois erratiques. À l'inverse, Zoox (Amazon) mise sur un véhicule révolutionnaire sans volant ni pédales, conçu comme un "salon roulant", avec l'ambition de produire 10 000 unités par an dès 2026.

La déferlante chinoise : Baidu et Pony.ai à l'assaut du monde

Si les Américains dominent sur le plan technologique pur, les Chinois gagnent la bataille du volume et des coûts.

Baidu (Apollo Go) : le géant de Pékin réalise déjà 250 000 trajets par semaine. Sa force ? Le RT6, un monospace électrique conçu pour coûter 30% moins cher que ses rivaux américains. Baidu ne cache plus ses ambitions européennes, avec des tests prévus en Suisse et en Allemagne dès l'année prochaine.

Pony.ai : véritable trait d'union entre l'Asie et l'Occident, Pony.ai a choisi le Luxembourg pour son centre de R&D européen. En 2026, l'entreprise prévoit de tripler sa flotte mondiale pour atteindre 3 000 véhicules, tout en s'alliant à Stellantis pour transformer des Peugeot e-Traveller en taxis robots.

L'Europe et la France : le réveil est-il trop tardif ?

Le constat est sévère pour le Vieux Continent. Si la technologie existe, notamment via la pépite britannique Wayve (soutenue par Microsoft et SoftBank), c'est le cadre législatif qui freine l'élan.

Le verrou réglementaire

En France, la conduite de "Niveau 3" (vigilance du conducteur requise) est autorisée, mais le Niveau 4 (autonomie totale dans des zones définies) reste cantonné à des expérimentations très encadrées, comme les navettes WeRide à Roland-Garros.

L'exception allemande et britannique : l’Allemagne a déjà autorisé le Niveau 4 dans certaines zones, permettant à Mercedes-Benz d'homologuer des systèmes de stationnement autonome. Le Royaume-Uni, de son côté, accélère avec une loi sur les véhicules autonomes prévue pour 2027, mais des services pilotes dès 2026.

"La France risque de rater le coche industriel. Sans un assouplissement radical des règles de conduite et une infrastructure connectée, nous resterons des spectateurs d'une technologie conçue ailleurs." — Analyse des experts du secteur.

Perspectives 2026 : vers une démocratisation massive ?

L'année 2026 ne sera pas seulement celle de l'expansion géographique, mais aussi celle de la viabilité économique.

Chute des coûts : grâce à l'intégration verticale et à la production en série (comme l'usine géante de Waymo en Arizona ou celle de Zoox), le coût du kilomètre parcouru en robotaxi pourrait devenir inférieur à celui d'un VTC classique avec chauffeur.

L'entrée des "Mégas-Flottes" : Uber, après avoir abandonné ses propres recherches, revient en force en tant qu'agrégateur. Son objectif ? Gérer une flotte de 100 000 véhicules autonomes via des partenariats avec BYD, Tesla, Waymo et Stellantis.

La propriété individuelle : c'est la grande tendance qui émergera en 2026. Waymo et Tesla envisagent de permettre aux particuliers d'acheter des véhicules équipés de ces systèmes, permettant à une voiture de "travailler" comme taxi pendant que son propriétaire dort.

Acteur Technologie clé Villes cibles 2026 Atout majeur
Waymo Lidar + Radar + IA Gemini Londres, Tokyo, Los Angeles Fiabilité & Sécurité éprouvées
Baidu (Apollo) Lidar + Vision + RT6 Munich, Zurich, Pékin Coût de production imbattable
Tesla Vision seule (FSD) Austin, San Francisco Volume de données massif
Wayve IA End-to-end (sans cartes) Londres, Stuttgart Souplesse & Agilité logicielle

Un enjeu de souveraineté

Le marché des systèmes autonomes pour voitures particulières pourrait peser jusqu'à 230 milliards de dollars d'ici 2035 selon McKinsey. Pour la France et l'Europe, l'enjeu de 2026 est simple : accepter de devenir un terrain de déploiement pour les géants sino-américains ou réussir à faire émerger un champion local capable de rivaliser sur le plan logiciel.

La course est lancée, et le volant n'est plus dans nos mains.

Lire la suite
Entretien Fabien LEONI Entretien Fabien LEONI

L’intelligence artificielle au secours des automobilistes : vers la fin des arnaques chez le garagiste ?

Dans un garage du futur, la clef à molette pourrait bien être remplacée par une puce. C’est le pari de Sparq, une start-up californienne installée à Irvine, qui a mis au point un dispositif révolutionnaire mêlant intelligence artificielle et diagnostic automobile.

Dans un garage du futur, la clef à molette pourrait bien être remplacée par une puce. C’est le pari de Sparq, une start-up californienne installée à Irvine, qui a mis au point un dispositif révolutionnaire mêlant intelligence artificielle et diagnostic automobile.

Une mécanique dopée à l’IA

Le principe est aussi simple qu’audacieux : un petit boîtier qui se branche sur le port OBD II de la voiture – la prise utilisée par les professionnels pour dialoguer avec l’électronique embarquée. Une fois connecté, l’appareil interroge l’ordinateur de bord du véhicule et transmet ses données à une application mobile. Là, l’intelligence artificielle entre en jeu.

L’application attribue une note sur 100 à l’état général de la voiture, liste les réparations recommandées (avec leur urgence) et fournit une estimation des coûts. Plus fort encore, elle peut écouter un bruit suspect enregistré par l’utilisateur et proposer un diagnostic. À cela s’ajoute une assistance pour décrypter les clauses parfois obscures des contrats d’assurance automobile.

Une réponse à la méfiance généralisée

Ce projet n’est pas né par hasard. Codrin Cobzaru, cofondateur de Sparq, a eu l’idée après que sa compagne lui a raconté – non sans agacement – ses mésaventures répétées chez des garagistes peu scrupuleux. Une frustration partagée par des millions de conducteurs. Selon une étude du site American Trucks, un automobiliste sur deux pense s’être déjà vu proposer des réparations non nécessaires.

Pour Cobzaru et son associé Daniel Nieh, l’ambition est claire : démocratiser l’entretien automobile en redonnant du pouvoir aux conducteurs grâce à la technologie.

Des garagistes bientôt en sursis ?

Avec un prix avoisinant les 500 dollars, Sparq se positionne très en dessous des outils professionnels classiques, qui coûtent souvent plusieurs milliers d’euros. Et contrairement à d’autres solutions du marché, la start-up ne vise pas les technophiles ou les passionnés de mécanique, mais bien le grand public – y compris ceux qui ne savent pas distinguer un cardan d’une bougie.

Le dispositif a été lancé aux États-Unis fin 2024 et a rencontré un certain succès au Salon de l’auto de Los Angeles, où il a été offert à certains visiteurs. Son avenir à l’international reste incertain, mais la voie est toute tracée.

L’IA, nouveau compagnon de route

Cette innovation illustre une tendance de fond : la numérisation galopante de l’automobile. Désormais dotés de capteurs en tout genre et de systèmes informatiques sophistiqués, les véhicules modernes deviennent de véritables ordinateurs sur roues. Et comme tout ordinateur, ils peuvent être lus, compris… et réparés par des intelligences artificielles.

Certains garagistes verront peut-être dans cette démocratisation de l’expertise une menace. D’autres y trouveront un outil complémentaire. Car si l’IA peut poser un diagnostic, elle ne remplacera pas encore de sitôt les mains expertes capables de démonter un moteur ou de remplacer un embrayage dans les règles de l’art.

❓ Question 💡 Réponse
Qui a conçu ce dispositif d’IA pour voiture ? La start-up californienne Sparq, fondée par Codrin Cobzaru et Daniel Nieh.
Comment fonctionne l'appareil ? Il se branche au port OBD II de la voiture et communique avec une application mobile.
Quels services offre l'application ? Diagnostic du véhicule, estimation des réparations, interprétation des contrats d’assurance, interaction vocale avec l’IA.
Quel est le prix du dispositif ? Environ 500 dollars, bien moins qu’un outil professionnel traditionnel.
Quelle est la cible ? Le grand public, y compris les novices en mécanique.
Ce produit est-il disponible en France ? Pas encore. Il est actuellement réservé au marché américain.
Lire la suite